vendredi 15 février 2008

Sur écoute ( The Wire )

Série américaine créée par David Simon (2002...)
13 épisodes de 60 minutes environ
avec Dominic West, Lance Reddick, Wendell Pierce, Seth Gilliam, Sonja Sohn, Clarke Peters,
Andre Royo , Michael K. Williams, Wood Harris, Idris Elba, Larry Gilliard Jr …



2008 Ecrire avec, lire pour
Pays de la Loire
un film choisi par Pierre Alferi




The Wire est une série policière dont l'intrigue se déroule dans les rues de Baltimore. Elle doit son nom aux nombreux systèmes et stratagèmes de surveillance (micros, caméras, jumelles, lignes sur écoutes, clonage de pagers et d'ordinateurs) que déploient les policiers pour pouvoir coincer les trafiquants de drogue et autres dockers chapardeurs.


Si on devait résumer la série avec un seul mot, ce serait sans hésitation: réalisme, voir hyper-réalisme. The Wire est une série policière atypique à bien des égards.

[…]


On trouve une foultitude de personnages dans The Wire. Il n'y a pas vraiment de personnage principal (même si certains comme l'inspecteur Jimmy Mac Nulty ou le terrible Avon Barksdale sont des figures incontournables de la série). Aucun personnage n'est laissé en arrière-plan. Comme dans la vraie vie, chacun joue son rôle et amène sa part de complexité dans l'intrigue principale. Il n'y a pas vraiment de héros. Oubliez le concept manichéen des gentils policiers sans reproche qui traquent sans relâche les fourbes hors-la-loi sans pitié. Vous ne trouverez pas de ça dans cette série. Ici, chez les policiers comme chez les gangsters, on trouve des qualités et des défauts. Ce qui est particulièrement atypique aussi pour un show policier c'est que le quotidien des trafiquants et vendeurs de drogue est développé au moins autant que la vie de commissariat des policiers.


Ce nombre important de personnages permet ainsi de développer énormément de sous-intrigues. Ces sous-intrigues et bien souvent les différents personnages finissent par s'inter-connecter à un moment ou un autre de la série (c'est encore plus vrai dans la troisième saison). La complexité de ce mélange d'intrigues secondaires qui forme un tout au fil de chaque saison fait la force de la série. Parfois même, une phrase, un fait, anodin sur le moment peut prendre toute son importance dans la saison suivante. The Wire est une série qu'il faut suivre attentivement. Chaque épisode se déguste lentement. Et il peut être vu plusieurs fois de suite sans générer l'ennui car il est quasi impossible d'appréhender toutes les subtilités d'un épisode en une seule lecture.


Dans chaque saison, D. Simon tente de délivrer un message politique différent bien précis. La première saison fait la démonstration de l'impuissance du système de fonctionnement répressif de la police dans sa lutte contre la drogue. Dans la deuxième saison un constat de désolation est fait à propos des ouvriers du port de Baltimore, de leur lutte pour survivre les contraignant à sombrer dans l'illégalité et de la mort annoncée de leur activité dans un futur proche. Dans le même temps, l'intrigue de la première saison se poursuit en filigrane (avec là encore des inter-connexions multiples avec l'intrigue principale) pour mieux préparer la troisième saison. Celle-ci met en relief les dérives politiques et comment les ambitions personnelles de chacun viennent saper le travail des policiers de terrain. La quatrième saison, qui sera diffusée sur HBO courant 2006, devrait décortiquer le système éducatif américain. Et David Simon a à priori dans ces cartons l'idée d'une cinquième saison dans laquelle il s'attaquerait aux processus qui mènent à la violence.